Bienvenue sur le Blog de Julie...

Dans nos vies quotidiennes résonnent fréquemment des moments de stress, de tension, de douleur, de difficulté ou même des simples petits instants de faiblesse... L'esprit et le corps sont alors mis à contribution et ont souvent du mal à tout absorber. Dans ces circonstances, il est parfois compliqué de trouver des solutions immédiates et opérationnelles.
Grâce à une grande écoute et à l'utilisation de techniques variées agissant sur le confort mental et sur le bien être physique, je vous propose de mettre en oeuvre avec vous un programme adapté à vos besoins ponctuels ou réguliers.
Ces solutions s'adressent aussi bien aux adultes qu'aux enfants Elles sont sans risque et adaptées aux besoins de chacun. Mes coordonnées figurent sur cette page. Prenons rendez vous et évoquons vos préoccupations ensemble.
En attendant, ce blog - outil d'échange et de partage - est une fenêtre sur l'actualité émotionnelle du monde qui nous entoure; il vous apportera également des indications régulières sur le sens de ma démarche... Bonne lecture et à trés vite.
Julie

Actualité Sophrologie

dimanche 30 octobre 2011

Comédies romantiques: pas d'amour sans relooking

Combien de temps les héroïnes de comédie romantique vont-elles encore devoir gagner le droit à l’amour par leur sens du look?
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Au début du Mytho (sorti le 23 mars), Jennifer Aniston joue une fille ordinaire. Par quel prodige, direz-vous, alors qu’avec sa peau soigneusement bronzée, son regard azur et son corps sculpté par le Pilates, l’ex-femme de Brad Pitt a tout de la pin-up hollywoodienne?
C’est tout simple: elle porte des lunettes et les cheveux attachés. Stratagème qui ne la rend nullement moins séduisante mais envoie le message subtil au spectateur qu’elle est à ce moment-là du film un vilain petit canard. Et puis arrive le moment-clef, cette scène que vous avez vue mille fois, celle où le laideron –jusqu’alors négligé par l’homme de ses rêves (qui lui est secrètement destiné à la fois par l’intrigue et par la loi ancestrale selon laquelle les deux stars du film doivent finir ensemble)– révèle sa beauté grâce à un relooking express.
Les cheveux dénoués et savamment brushés, moulée dans une robe de créateur, la voici qui révèle au spectateur et au héros qu’elle est, en fait, désirable. Qu’importe si son prince charmant (joué par Adam Sandler qui n’a rien d’un canon) reste parfaitement identique du début à la fin du film: ces histoires de métamorphose  en joli cygne blanc ne le concernent pas, être le mâle de cette histoire suffit largement à l’occuper.
On s’en veut de récriminer contre ce cliché hollywoodien car son créateur, Billy Wilder, est un auguste personnage, et un grand cinéaste. Mais avouons que dans Sabrina (1954), il est bien difficile de croire que la sublime Audrey Hepburn n’attire l’attention d’Humphrey Bogart et de William Holden qu’une fois rhabillée de pied en cap par Givenchy…

Plus tard, le manège se répète dans My Fair Lady (1964) de Cukor, où la même Audrey Hepburn, son visage parfait vaguement enduit de suie, est censée être repoussante. Le professeur joué par Rex Harrison attend pour être séduit le moment où elle s’habille pour une soirée mondaine.
Dans Pretty Woman (1990), qui cherchait à faire de Julia Roberts la nouvelle Audrey Hepburn, Garry Marshall reprend le concept: une prostituée en cuissardes devient suffisamment élégante pour que Richard Gere puisse se permettre d’en tomber amoureux…

Et encore récemment, l’héroïne du Diable s’habille en Prada (2006) débarquait en vilain petit canard du milieu ultra exigeant de la mode pour finir en créature de rêve, parfaitement à l’aise sur des talons de quinze centimètres.
Bien sûr, cette histoire de vilain petit canard vient en droite ligne des contes de fées. C’est Cendrillon (dont s’inspire d’ailleurs Sabrina), quantité négligeable dans son foyer mais étoile inoubliable le temps d’un bal. Ou encore Peau d’Ane, magnifiée par une robe couleur du soleil. Les héroïnes de Grimm et Perrault gagnent l’amour d’un prince exactement comme leurs petites sœurs hollywoodiennes: en se parant de leurs plus beaux atours.
Et c’est là, justement, que le bât blesse: combien de temps les héroïnes de comédie romantique vont-elles encore devoir gagner le droit à l’amour par leur sens du look? A voir Le Mytho on craint fort que la tendance n’ait encore de beaux jours devant elle.
Jonathan Schel


Source : www.slate.fr
Photo: Jennifer Aniston relookée dans Le Mytho

mardi 25 octobre 2011

Buvez du café, c'est bon contre le cancer !


Boire régulièrement du café réduit les risques de développer une certaine forme de
cancer de la peau, révèle une étude américaine. Elle vient s'ajouter à des travaux
précédents qui avaient déjà mis en évidence les vertus du café contre d'autres types
de tumeurs.
café comptoir bistrot petit noir croissantImage d'archives © TF1
Diverses études avaient déjà montré un lien entre consommation régulière de café et risque
réduit de tumeur cancéreuse de la prostate ou du col de l'utérus. De nouveaux travaux, publiés
lundi aux Etats-Unis, viennent renforcer cette idée que le café présente des vertus anti-cancéreuses.
Présentés lors d'une conférence de l'American Association for Cancer Research à Boston, ils
montrent que plus on consomme du café, plus le risque de basaliome (épithélioma basacellulaire, une forme de cancer de la peau) diminue. Ainsi, les femmes buvant plus de trois tasses de café par jour voient le danger de développer un basaliome réduit de 20% comparativement à celles en consommant peu ou pas du tout. Pour les hommes - qui paraissent moins bénéficier de cet effet protecteur sans que les raisons en soient expliquées - consommer plus de trois tasses de café
quotidiennement réduit d'au moins 9% le risque. 
Les auteurs de cette étude se sont dits eux-mêmes surpris de ces résultats. Si une relation avait été observée chez des souris entre la caféine sous forme de pommade et la réduction du risque de cancer de la peau, les études épidémiologiques n'avaient pas montré clairement le même lien.
L'étude sur les souris publié en août 2011 et menée par des chercheurs de l'Université de l'Etat
de Washington montrait que la caféine avait des effets protecteurs au niveau moléculaire en
neutralisant une protéine. Cette protéine joue un rôle clé pour la multiplication des cellules
de la peau endommagées par les rayons ultraviolets du soleil.
L'étude publiée lundi "indique que la consommation de café - pas de décaféiné - pourrait être
une option importante pour aider à prévenir ce cancer de la peau", qui est souvent soignable
et est le plus fréquent, souligne l'un des auteurs de l'étude, Fengju Song. Avec près d'un million
de nouveaux cas de basaliome diagnostiqués chaque année aux Etats-Unis, des conseils
diététiques quotidiens, comme boire du café, même avec des effets protecteurs modestes,
pourraient avoir un grand impact sur la santé publique, jugent ces chercheurs. Selon eux,
ces résultats justifient des recherches supplémentaires pour mieux comprendre la relation
entre la consommation de café et une moindre fréquence de ce cancer de la peau.

Le mal est-il une vue de l’esprit?

Certains neuroscientifiques affirment que le mal n’existe pas.
Adolf Hitler, photo non datée. WR/FMS via REUTERS
- Adolf Hitler, photo non datée. WR/FMS via REUTERS -
E
st-ce la fin du mal? La science a-t-elle enfin enfoncé un pieu fatal dans la noirceur de son cœur? Ou au moins vidé le mot de tout sens utile, en réduisant la notion de force malveillante et sacrée à un petit grain de sable dans le rouage de neurones enchevêtrés qu’est le cerveau?
Eh oui, à en croire de nombreux neuroscientifiques en passe de s’imposer comme les nouveaux grands prêtres des secrets du psychisme et déchiffreurs du comportement humain en général. Un phénomène dont témoigne un récent torrent de livres de vulgarisation sur le cerveau, aux titres comme Incognito: The Secret Lives of the Brain.
La plupart de ces travaux ne cachent pas leur mépris pour la notion métaphysique du mal, considérée comme un concept archaïque responsable de plus de ravages que de bienfaits. Leurs auteurs avancent qu’il est temps de remplacer ce genre de termes métaphysiques par des explications physiques—c’est–à-dire des défaillances ou des malformations du cerveau.
Certes, les gens continuent de commettre d’innombrables mauvaises actions, mais pour ces nouveaux scientifiques spécialistes du cerveau, l’idée qu’ils prennent la décision consciente de blesser ou de faire du mal à autrui n’est plus viable. Pour commencer, le «libre arbitre» qui nous permet de décider de faire le mal n’existe pas (comme le mal, le libre arbitre est pour la plupart un concept périmé). La prise de décision autonome et consciente elle-même pourrait bien être une illusion. Par conséquent, il est impossible de faire le mal intentionnellement.

«Les bugs du cerveau»

Les neuroscientifiques des temps nouveaux, leurs images d’IRMf [imagerie par résonance magnétique fonctionnelle] en étendard, versions modernes et illuminées des gravures à l’eau forte des structures internes du crâne, ont-ils réussi là où leurs aïeux spécialistes des disciplines allant de la phrénologie à la psychanalyse ont échoué? Ont-ils mis le doigt sur les anomalies cachées dans les amygdales, sur les dysfonctionnements du cortex préfrontal, sur la source d’impulsions électrochimiques qui a poussé un Jared Loughner ou un Anders Breivik à commettre ses actes criminels?
Et en réduisant le mal à un pépin purement neurologique ou à une malformation dans les circuits du cerveau physique, en éliminant l’élément du choix conscient issu du libre arbitre, les neuroscientifiques ont-ils aussi éliminé la «liberté morale,» la responsabilité personnelle? Cette excuse de la «circonstance atténuante du cerveau» («c’est mon cerveau qui m’a forcé») comme l’ont qualifiée les critiques, signifie-t-elle qu’aucun être humain ne veut faire du mal à un autre? Que nous sommes tous des êtres innocents et rousseauistes, dont certains sont affligés de défauts—de «bugs du cerveau» comme les appelle un nouveau livre sur les neurosciences populaires—responsables de l’attitude qualifiée autrefois de malfaisante?
Les auteurs d’actes de cruauté, de meurtres et de torture ne sont-ils donc eux-mêmes que des victimes—d’un défaut de fabrication qui tomberait sous la garantie d’usine si le cerveau était une voiture?
Les nouvelles neurosciences représentent le dernier chapitre d’un conflit culturel millénaire et qui continue à diviser sur le problème du mal; la dernière tentative scientifique en date de réduire le mal à une défaillance ou à un dysfonctionnement plutôt qu’à de la malveillance. J’analyse cette quête dans Explaining Hitler: cette tendance de toutes les subdivisions de la «science» psychologique du XXe siècle à chercher quelque cause physiologique, liée au développement, sexuelle ou psychanalytique aux crimes d’Hitler (un article, évalué par des pairs, cherche les racines de la malveillance d’Hitler dans une piqûre de moustique—dans les séquelles de certaines encéphalites transmises par le moustique, dont on savait qu’elles provoquaient de profonds changements de personnalité jusqu’à une décennie après avoir été contractées dans les tranchées de la Première Guerre mondiale).

«Si lui l'est pas malfaisant, alors qui?»

Il serait rassurant, faute de consoler, de pouvoir prouver que ce qui a fait d’Hitler ce qu’il était était une défaillance de la nature humaine, un pépin dans le circuit, car cela nous permettrait d’exempter la nature humaine «normale» (la nôtre par exemple) du potentiel d’Hitler. Cette volonté quelque peu naïve d’expliquer les crimes de cet homme va à l’encontre de l’intuition de beaucoup.
Je me souviens de la réaction de feu Alan Bullock, historien britannique et biographe d’Hitler, devant les revendications du scientisme, vociférant devant moi: «Si lui n’est pas malfaisant, alors qui?... S’il n’est pas malfaisant, le mot n’a aucun sens
D’ailleurs de récents événements montrent bien que le mal demeure un concept rétif à notre culture, résistant aux tentatives de réduction à un pur «physicalisme». Qui lit les commentaires des médias dominants sur l’affaire Breivik, par exemple, s’expose à retomber, encore et encore, sur le mot «mal.» Non que seuls ses actes soient malfaisants, mais également que lui, Breivik, serait, comme le dit un journaliste du Wall Street Journal, «l'incarnation du mal
Mais que faut-il comprendre au juste? L’incarnation de quoi? Satan? Le terme «incarnation,» même sans contexte explicitement religieux, implique au moins métaphoriquement la descente d’une force métaphysique dans un corps physique. On comprend aisément l’aversion que ce concept peut susciter chez les scientifiques pour décrire la réalité.
Mais la notion de mal en tant que force sacrée perdure. Et ladéclaration du pape Benoît XVI après les attaques en Norvège, appelant tous et toutes à «échapper à la logique du mal» n’a surpris personne (bien qu’on puisse se demander ce qu’est exactement que cette «logique»).
S’il n’y avait rien de surprenant à entendre le pape évoquer ainsi le mal, il est très étonnant en revanche de voir un athée aussi convaincu que mon collègue Christopher Hitchens évoquer «le mal» dans sa «nécrologie» d’Oussama ben Laden. Hitchens admet qu’il préfèrerait éviter d’utiliser «ce mot simpliste (mais en quelque sorte indispensable).» Mais il se sent obligé de qualifier les motivations de ben Laden de «force» qui «mérite absolument le qualificatif de mal
Mais quelle est cette «force,» à la teinte étrangement surnaturelle sous la plume d’un athée? Un genre de Kryptonite satanique? Où est-elle située: dans le monde matériel, ou immatériel?

La force du mal

C’est bien là le vrai «problème du mal» (ou, pour utiliser le terme employé par les philosophes pour qualifier les mauvaises actions délibérées, de la «méchanceté»). Nous penchons naturellement à croire que le mal existe: la culture populaire n’y voit rien à redire, et nous en fournit moult itérations, de Richard III à Dark Vador; les politiques l’utilisent sans cesse («l’axe du mal»).
Mais même les penseurs religieux continuent de débattre de sa nature —et de la raison pour laquelle un Dieu juste et aimant permet si souvent au mal et aux atroces souffrances qu’il engendre de prévaloir, ou même—quand ils en déplacent la faute vers nous, les humains (car Dieu a accordé à l’homme le libre arbitre et donc le choix de pécher) — de la raison pour laquelle Dieu n’a pas créé une nature humaine qui n’opterait pas si volontiers pour le génocide et la torture (soit dit en passant, je suis agnostique).
Ce débat fait rage depuis plus de mille ans, au moins depuis que Saint-Augustin a proclamé que le mal appartenait au royaume du «néant», ce qui pour certain est une belle dérobade. En attendant, les neurosciences populaires—et leurs hypothèses pas franchement bien décortiquées—s’imposent dans la lutte qui vise à placer le mal sous le microscope de la science.
Les travaux du professeur britannique de psychopathologie Simon Baron-Cohen (oui, le cousin de Sacha Baron-Cohen, également connu sous le nom de Borat, mais qui est, lui, reconnu comme un scientifique du plus grand sérieux) ont bénéficié ces derniers temps d’une attention considérable. Il est l’auteur de The Science of Evil, qui cherche à se débarrasser de la question du mal en partie au moins en le débaptisant.
«Mon principal objectif, explique Baron-Cohen, est de remplacer le terme sans valeur scientifique de «mal» par le terme scientifique “d’empathie.”» Ce qui signifie qu’au lieu de qualifier quelqu’un de méchant, nous devrions dire qu’il est dépourvu d’empathie.
Baron-Cohen se donne bien du mal pour poser le postulat d’un «circuit empathique» dans le cerveau, dont les divers «degrés» de force constitueraient un spectre qui va d’une empathie totale, à 100%, à un «degré zéro de l’empathie

Circuit empathique

Ce circuit empathique, nous dit-il, est constitué de 13 différentes régions du cerveau impliquées dans la génération de choix non-malfaisants, notamment le «cortex préfrontal médian,» «la circonvolution frontale inférieure» et «le sillon temporal supérieur postérieur
Idéalement, tous ces éléments s’unissent de façon empathique pour vaincre le «single minded focus» [centre unique de l’attention] qui est l’explication avancée par Baron-Cohen de ce qui était auparavant appelé «le mal.» Ce phénomène est l’incapacité à «reconnaître et à répondre» aux sentiments des autres. Un circuit empathique sain nous permet de sentir la douleur d’autrui et de transcender l’attention unique que nous nous portons à nous-mêmes.
Cette théorie semble cependant laisser entendre que ces «reconnaissance et réponse» prennent une forme à la fois chaleureuse et floue. Mais qu’en est-il de ceux qui «reconnaissent et répondent» aux sentiments des autres avec un grand discernement—et pourtant les torturent? Car cela arrive.
L’un des aspects troublants de cette magistrale substitution du mal par un manque d’empathie est la manière mécaniste dont la décrit Baron-Cohen.
Pour lui, les personnes privées d’empathie ont «une puce qui manque à leur ordinateur neuronal.» Il nous dit que «l’empathie s’apparente davantage à un variateur qu’à un interrupteur avec seulement deux positions, allumé et éteint.» Le gros problème ici, c’est qu’en réduisant le mal à une défaillance mécanique dans le circuit empathique, Baron-Cohen réduit aussi, voire abolit, le bien. Personne, dans ce système conceptuel déterministe ne choisit d’être bon, courageux ou héroïque. Il suffit juste d’avoir un circuit empathique bien développé qui nousforce à agir avec empathie—le choix ou l’honneur n’ont tout simplement rien à faire ici.
Donc, pour Baron-Cohen, le mal est simplement le «degré zéro de l’empathie.» Et cela me laisse la sensation fort peu empathique que cette rodomontade selon laquelle il «remplace» le mal par une non-empathie relève davantage de l’astuce sémantique que de la découverte scientifique. C’est un nouvel exemple de ce que l’un des auteurs d’une importante collection d’articles universitaires de MIT Press appelée Neuroethics qualifie de «Brain Overclaim Syndrome [syndrome de la revendication à outrance du cerveau]».

Echec des neurosciences à expliquer le mal

Plusieurs articles de Neuroethics douchent à l’eau bien froide le triomphalisme des nouveaux livres légers de vulgarisation sur le cerveau. Il apparaît clairement qu’il existe un débat à l’intérieur même du domaine des neurosciences sur ce que nous disent exactement toutes ces images si impressionnantes réalisées à l’aide de l’IRMf. Et les «neurocritiques» ou «neurosceptiques» mettent en garde ceux qui seraient tentés d’agir trop rapidement en se basant là-dessus (un site internet britannique précieux appelé Neuroskeptic propose au public critiques et correctifs par un professionnel du secteur. Les gens doivent savoir!)
L’article «Brain Overclaim» de Stephen Morse, du Center for Neuroscience and Society de l’Université de Pennsylvanie, est une «note diagnostique» ironique sur la grandiloquence des hypothèses avancées par les livres sur le cerveau qui font fureur, et qui se préoccupe principalement de la manière dont elles se sont infiltrées dans le droit.
- Anders Behring Breivik dans un véhicule de police à Oslo le 25 juillet 2011, REUTERS/Scanpix Norway -
Les IRMf ont par exemple réussi à s’introduire dans un avis de la Cour Suprême cette année; le juge Stephen Breyer a évoqué «des preuves neuroscientifiques à la pointe de la technologie» lors de son opposition à un décret de la Cour refusant à la Californie le droit d’interdire les jeux vidéo violents, car ce juge qui d’ordinaire défend la liberté d’expression était inquiet après avoir lu des études neuroscientifiques prétendant que ce genre de jeux pourraient créer des chemins mentaux menant à une vraie violence.
Mais la critique de Morse s’étend bien au-delà du droit et touche au cœur de l’échec des neurosciences à expliquer ou à «remplacer» le mal. Les neurosciences populaires ont clamé qu’elles trouveraient le siège neural de l’amour, de Dieu et du Diable, mais Morse pointe du doigt une faille fondamentale dans leur logique:
«Malgré les progrès ahurissants effectués par les neurosciences, cependant, nous savons terriblement peu de choses sur la manière dont le cerveau fait fonctionner l’esprit et surtout sur la manière dont la conscience et l’intentionnalité peuvent naître de la masse de matière compliquée qu’est le cerveau.(...) Découvrir les connexions nerveuses des phénomènes mentaux ne nous dit pas comment ces phénomènes sont rendus possibles.»
En d’autres termes, la corrélation n’implique pas forcément la causalité: nous pouvons bien connaître les 13 régions qui s’illuminent sur une IRMf quand nous ressentons de «l’empathie» (ou qui ne s’allument pas quand nous choisissons le mal), mais cela ne prouve pas pour autant que ces régions provoquent l’empathie ou se contentent de la refléter.

Où se trouve le libre arbitre?

Le problème du mal—et de la responsabilité morale—est par conséquent inséparable de ce qu’il est convenu d’appeler dans le commerce entre philosophes de «difficile problème de la conscience.» Comment le cerveau, ce bout de viande électrifié, crée-t-il l’esprit et la musique de Mozart, la prose de Nabokov? Et où est la conscience, d’ailleurs?
De nombreux neuroscientifiques confrontés au «difficile problème de laconscience» l’esquivent en citant une expérience vieille d’un quart de siècle, effectuée par un certain Benjamin Libet, qui prétendait révéler que les décisions apparemment conscientes sont en réalité faitesinconsciemment—préconsciemment—quelque 500 millisecondes (une demi-seconde) avant que l’illusion d’une décision consciente ne vienne à l’esprit. (Un article récent l’estime à une seconde entière).
Mais l’étude de Libet n’explique pas comment le bout de viande électrifié prend la décision inconsciente initiale—il a refilé le bébé au préconscient, on peut dire—ni pourquoi nous avons cette illusion de la conscience. Elle laisse penser en revanche que ceux qui prétendent étudier la science du cerveau ne se rendent pas service—ni à la science non plus—en ne parvenant pas à tirer des leçons des contextes fournis par l’histoire, la logique et les bases de la philosophie.
Ces neuroscientifiques qui méprisent l’idée de conscience ou de libre arbitre et sont convaincus que Libet les a tous réfutés seraient bien inspirés de prêter un minimum d’attention à Francis Crick. Crick, à qui la co-découverte de l’ADN a valu un Prix Nobel et qui a récemment eu l’audace de proposer une localisation scientifique au libre arbitre, présente son candidat aux coordonnées neuronales.

Fétichisation des IRMf

Dans son étude de 1994 «The Astonishing Hypothesis,» Crick le place quelque part dans ou près de la zone appelée «sillon calloso-marginal» qui se trouve «près de l’aire 24 de Brodman. Sur la surface interne (du crâne)…Vers l’avant…et près du sommet» du cerveau. Si c’est là que se trouve le centre du libre arbitre, alors c’est également celui du mal. Mais même si Crick a fait mieux que Libet, aucun des deux ne s’est colleté avec les implications plus dérangeantes des nouvelles recherches qui prétendent trouver des explications neurales au mal.
On peut lire certaines de ces troublantes possibilités exposées dans unarticle de Jonathan Marks, du Harvard's Safra Center for Ethics and Pennsylvania State University publié dans l’American Journal of Bioethics. L’article est intitulé «A Neuroskeptic's Guide to Neuroethics and National Security.» Marks y fait référence à une résistance croissante aux «revendications à outrance du cerveau» à l’intérieur de la profession. Ses objections sont d’ordre technique et éthique.
Il critique à la fois la fétichisation des IRMf et leur abus. Il rappelle aux profanes qui admirent les impressionnantes images d’IRMf dans des livres psycho-pop sur le cerveau qu’il ne s’agit pas de vrais clichés de cerveaux individuels en action, mais de composites à partir de compilations statistiques d’images de plusieurs cerveaux, recouverts d’effets spéciaux de lumières qu’il compare à des «images de radars météorologiques
«Est-ce que ce serait aller trop loin que d’appeler ça du Photoshopping?» ai-je demandé à Marks lors d’une conversation téléphonique.
«Photoshopping n’est pas le mot juste, mais dans un sens il ne va même pas assez loin» a-t-il répondu. Car les images sont «construites dès le début
L’article de Marks met en garde contre le «marketing agressif» des IRMf par des prestataires de type services de renseignements qui voudraient les vendre comme substituts aux «détecteurs de mensonges,» susceptibles d’être utilisés pour sélectionner les candidats à «l’interrogatoire poussé» dans le cas où leur IRMf indiquerait une éventuelle duplicité lors d’un interrogatoire ordinaire.

Avenir orwellien

Et il propose ce que j’estime être l’une des réponses les plus sages au débat sur l’existence du mal (et par conséquent du libre arbitre): il suggère que nous faisions comme si nous disposions d’un libre arbitre nous permettant de choisir le bien ou le mal.
Ses mises en garde à l’intention de ceux qui sont tentés de croire autre chose sont validées par les fantaisies de certains enthousiastes de l’IRMf. Voyons par exemple l’un des plus éminents livres sur le cerveaux parmi ceux récemment publiés: Incognito, de David Eagleman.
Dans un passage du hors-série «Grande Idées» du magazine Atlantic, Eagleman dépeint un avenir orwellien dans lequel les appareils d’IRMf seront utilisés pour identifier à l’avance les personnes qui ont le potentiel de commettre des actes que l’on qualifiait auparavant de malfaisants, et prescrit pour ce genre de malfaiteurs en puissance un régime «d’exercices préfrontaux» pour «mieux équilibrer» ceux qui seront sélectionnés (comment? par qui?) pour un remaniement de cerveau.
Il va jusqu’à dire: «Certaines personnes devront être mises à l’écart» en se basant sur leurs IRMf, «pour un temps plus long (voire pour la vie).» Le totalitarisme neuroscientifique envahit vos cerveaux! C’est le panoptique ultime. Et personne n’a semblé rien remarquer ni s’en formaliser. C’est de la science!
Aucune mention des droits constitutionnels, de la détention préventive ou des implications orwelliennes de tout cela pour les dissidents radicaux, par exemple, dont la colère contre l’injustice pourrait nécessiter d’être calmée dans les salles de gym du cerveau.
J’hésite à le dire, mais ces idées-là sont malfaisantes. D’ailleurs, lire Eagleman et revenir à ce débat sur le mal m’a fait penser à une idée qui m’était venue alors que j’étudiais les tentatives fallacieuses d’expliquer Hitler sous un angle scientifique. Le mal n’est pas forcément inscrit dans le motif des fils qui connectent le cerveau. Il peut s’inscrire dans de mauvaises idées, tout particulièrement lorsqu’elles revêtent des atours scientifiques (comme dans le cas d’Hitler et de son «racisme scientifique.»)

Des neurosciences au neuro-marketing

En ce qui concerne le mal lui-même, les nouvelles neurosciences ne vont probablement pas mettre un terme au débat, mais elles nous rendront peut-être plus attentifs au phénomène. Peut-être le mal sera-t-il toujours comme la célèbre déclaration de la Cour Suprême sur la pornographie: en le voyant, vous le reconnaîtrez. Cette imprécision me déplaît, mais je dois bien admettre que je n’ai pas de meilleure réponse à apporter. Sauf que nous pouvons faire mieux que cette négation mécaniste, déterministe de la responsabilité personnelle que les neuroscientifiques proposent de mettre «à la place» du mal.
Je me rappelle un échange particulier lors d’une conversation avec l’un des premiers neurosceptiques, Daniel S. Reich, aujourd’hui responsable d’un département de recherches sur les maladies nerveuses au National Institutes of Health. Reich a été l’un des premiers à critiquer le «neuromarketing»—la promotion de la technologie de l’IRMf pour aider les dealers de produits commerciaux et les dirigeants politiques à apprendre quels mots et quelles images allumaient quels boutons dans les cerveaux des consommateurs et des électeurs.
Vers la fin de notre conversation, j’ai demandé à Reich s’il croyait au mal. Il est resté silencieux un instant, puis s’est mis à parler de la Norvège. Des différents degrés du mal. De la différence entre le kamikaze de base et le tueur d’Oslo. Du fait que le premier n’a qu’à appuyer sur un bouton pour atteindre son objectif meurtrier, dont il n’aura jamais à voir les conséquences.
Mais dans ce rassemblement de jeunes militants sur l’île près d’Oslo, m’expliqua Reich, Breivik a chassé ses victimes pendant des heures. Il en tuait une ou plusieurs et, ont raconté les rescapés, ne manifestait aucune réaction. Il continuait juste à marcher pour en chercher d’autres.
«Il voyait les conséquences, le sang qui jaillissait, il entendait les hurlements. Il continuait quand même
Certains tenteront de dire qu’il s’agissait de sociopathie ou de psychopathie, ou du degré zéro d’empathie, ou une autre excuse bidon pour le disculper. Mais comme nourri par le mal, Breivik continuait. Pour reprendre l’expression de Bullock, si on ne peut pas dire que lui, c’est le mal, alors qui?
Ron Rosenbaum
Traduit par Bérengère Viennot
Source : www.slate.fr

lundi 24 octobre 2011

Pleurer : oui, mais comment ?


Contrairement à une idée reçue, pleurer ne soulage que rarement.
Sébastien Bohler
© Jean-Michel Thiriet
© Jean-Michel Thiriet

Pour en savoir plus

L. M. Bylsma et al.When and for whom does crying improve mood ? A daily diary study of 1004 crying episodesJournal of Research in Personality, vol. 45, pp. 385-392, 2011.


On dit souvent que pleurer fait du bien. Que l'on se sent mieux après, que cela permet d'évacuer le stress, voire, comme cela est parfois prétendu, les toxines. En réalité, pleurer est rarement bénéfique. Comme l'ont constaté Lauren Bylsma et ses collègues de l'Université de Floride, seuls 30 pour cent des épisodes de larmes font du bien.
L. Bylsma a collecté les journaux intimes de 97 femmes pendant deux mois environ. Les participantes devaient y consigner leur état d'humeur (plutôt triste, neutre, joyeuse, etc.), ainsi que les éventuels épisodes de larmes. Il s'est avéré que les personnes qui pleurent souvent (plus d'un jour sur trois) ont une humeur globalement négative, qu'il s'agisse de stress diffus ou de tristesse parfois proche d'un état dépressif. Pour ces personnes, les larmes ne sont d'aucun secours : la tristesse revient aussitôt la crise de larmes passée. Faut-il se retenir ? Sûrement pas. Certaines personnes, sans craquer, ressentent un fréquent besoin de pleurer. Elles sont sujettes à des irrégularités d'humeur, une instabilité psychique source de souffrance et de conflits.
Dès lors, y a-t-il une recette du « bien pleurer » ? Elle tient en trois mots : vite, fort et avec un confident. Les résultats de L. Bylsma montrent que les crises intenses et brèves font que l'on se sent mieux après, à condition d'avoir craqué en compagnie d'une personne. Seul, cela ne sert à rien. De même, devant une assemblée, les états sont négatifs, que ce soit à cause de la honte ressentie ou des efforts fournis pour « garder la face ». Le cas de figure idéal est celui d'une personne qui affronte une situation difficile au travail et décide d'aller en parler à l'écart avec un collègue, pour finalement fondre en larmes. Les pleurs sont vite séchés, et tout repart. À condition que la cause du conflit soit traitée, car le stress peut s'installer et alors déboucher sur les pleurs répétitifs, signe d'une dégradation préoccupante de l'humeur.
Source : www.pourlascience.fr

Amour : les grognons ont la cote

Sourire pour séduire : la recette serait-elle périmée ? Selon une étude réalisée à l'Université de Colombie-Britannique auprès de 1 000 volontaires, les femmes sont plus attirées par des photos d'hommes à l'air neutre, voire triste, que par d'impeccables rangées de dents blanches. Les mines légèrement déconfites exercent un attrait du même ordre que les postures orgueilleuses et dominatrices, révèle cette même étude. Les psychologues expliquent cette découverte par le fait que les hommes qui sourient ont un caractère généralement soumis. Chez les femmes, le résultat est inverse : les femmes qui sourient et ont l'air heureuses, attirent plus les hommes. Les stéréotypes de dominance et de soumission ont encore de beaux jours devant eux !

Source : www.pourlascience.fr

«Les mères font des fils, les femmes font des hommes»

Maryse Vaillant, psychologue clinicienne, a publié Les Hommes, L'amour, la Fidélité et plus récemment, Être mère, mission impossible?  (Ed. Albin Michel). 

Maryse Vaillant : « Si la virilité est caricaturale, la masculinité est une dimension plus complexe et fragile qu'il n'y paraît trop souvent. »
Maryse Vaillant : « Si la virilité est caricaturale, la masculinité est une dimension plus complexe et fragile qu'il n'y paraît trop souvent. »
LE FIGARO. -Vous parlez dans vos écrits de la difficulté d'élever un garçon. Pensez-vous que les mères sont en partie responsables du syndrome du «bon garçon» relevé chez les hommes d'aujourd'hui?
MARYSE VAILLANT. - Oui, en grande partie. Le premier mouvement d'une mère est toujours plus facile vers la fille, sa semblable. Alors qu'avec le garçon, elle est freinée dans son élan par de nombreuses différences comportementales, émotionnelles. Mais cette mère peut aussi s'attacher énormément à la plus visible de ces différences, celle qui se voit physiquement, et de manière inconsciente, transformer son fils en homme de la maison. Or les hommes qui ont été mis en position de puissance phallique au foyer par leur mère deviennent soit falots, soit machos. Dans les deux cas, l'identité masculine est défaillante. Les machos sont des coqs de bruyère qui ne savent que dominer et agresser avec leur virilité ; les falots, ceux qu'on appelle les «gentils garçons» de nos jours, sont des chapons un peu dodus intérieurement. Très tendres, ils inhibent en réalité leurs pulsions et n'osent pas utiliser ni montrer leurs poussées de testostérone.
Qu'est-ce qui dans l'histoire des mères explique une telle évolution?
Jusqu'au début de notre siècle, les femmes ont vu en leurs garçons de beaux coqs de bruyère, à qui elles remettaient tous les pouvoirs, notamment sur leurs sœurs. Ces femmes vénéraient la virilité de leurs fils. Puis, à partir des années 1970, quand la contraception a libéré les jeunes filles de la fatalité de la maternité, les mères ont été fascinées par la féminité de leurs filles, et se sont moins intéressées à leurs fils. Résultat, ça a été le «grand vrac» du côté des garçons. Les mères ont pensé que les pères pourraient s'occuper des fils, or les pères étaient totalement pris par leur travail (aujourd'hui, avec la crise, ils le sont encore plus). Elles n'ont pas initié leurs garçons aux tâches domestiques, les ont élevés sans contraintes mais ne leur ont rien donné à se mettre sous la dent quand leur virilité venait les titiller.
Comment faudrait-il élever un garçon pour que sa masculinité s'épanouisse?
Déjà, il faut être deux pour élever un enfant: quelle que soit la situation, la mère doit laisser de la place au père et même elle doit lui demander de s'occuper de son fils. Aussi, elle évitera de faire de son fils le confident ou le complément affectif qui lui manque dans sa vie amoureuse. Heureusement, les garçons ont toujours une bande de copains. Ceux-ci sont leurs alliés les plus précieux pour le corps à corps avec d'autres hommes dont ils ont tant besoin: la pratique du rugby par exemple est selon moi hautement formatrice en matière de masculinité.
Et comment aimer ces «bons garçons» devenus hommes?
En ne se comportant pas en mère avec eux ! Les mères font des fils, les femmes font des hommes. Celles-ci peuvent ainsi encourager leurs conjoints à réaliser les rêves de leur adolescence par exemple: faire de l'escalade, se remettre au foot… Elles peuvent aussi construire une vraie démocratie avec ces hommes qu'elles doivent reconnaître comme responsables du bien commun qu'est leur couple. Elles éviteront, comme des mères intrusives, de leur demander sans cesse des comptes. Elles comprendront, enfin, que si la virilité est caricaturale, la masculinité est une dimension plus complexe et fragile qu'il n'y paraît trop souvent.

Source : www.lefigaro.fr

Les hommes seraient-ils devenus de «bons garçons» ?

Immatures, tendres, compagnons rêvés de femmes affirmées et débordantes d'énergie, les «mâles doux» seraient de plus en plus nombreux. 

Crédits photo : Le Figaro/Dobritz
«Charmant, tendre, à l'écoute, plein d'humour et de fantaisie…» Quand elle décrit son dernier partenaire amoureux, Sophie ne tarit pas d'éloges. «Cet homme était absolument délicieux.» La jeune femme profita presque une année entière de cet être idéal, jusqu'au jour où, à quelques semaines de leur mariage, il est tout simplement parti, sans prévenir, ni même laisser un mot d'explication. Et n'a jamais plus donné aucune nouvelle. Sophie, deux ans après, en est encore bouleversée. «Qu'il ait mis fin de manière aussi lâche à notre histoire m'a sidérée et atteinte au plus profond de moi, déplore-t-elle. Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ni laissé entrevoir ?»
Pour le Dr Jean-Paul Mialet, psychiatre et psychothérapeute, qui vient de publier un brillant essai sur les différences entre hommes et femmes, Sex Aequo (Éd. Albin Michel), ce scénario inimaginable n'a rien de surprenant. Lui reçoit chaque jour dans sa consultation un certain nombre de ces hommes qui, après avoir donné le meilleur d'eux-mêmes dans leur couple, s'en échappent dès que possible, et soudainement. Leur caractéristique princi­pale? «Ils ont la fâcheuse tendance depuis toujours à se conformer aux exigences et normes féminines jusqu'au moment où ils lâchent ce personnage, et ce tout à coup.»

les femmes veulent des compagnons attentifs

On les voit faire les boutiques avec leurs douces, pousser le landau pendant qu'elles essayent des chaussures, se montrer attentifs au moindre de leurs souhaits, car les femmes, c'est vrai, veulent aujourd'hui des compagnons très attentifs. «Mais dans l'intimité, ils n'osent guère exprimer leurs désirs - notamment sexuels - ni parler de leurs problèmes au bureau, poursuit le Dr Jean-Paul Mialet. Alors que la vie professionnelle est devenue effroyablement menaçante et concurrentielle pour eux, ils n'osent pas confier leurs soucis de cet ordre à leurs compagnes, car elles considèrent que c'est déjà une chance d'être un homme professionnellement, quand elles ont des salaires plus bas, etc. Résultat, elles ignorent souvent cet aspect de la vie masculine, continuant juste à vouloir être aidées pour la gestion domestique.»
Serviables, ils se plieraient en quatre pour que leurs compagnes soient satisfaites. Ils ont peur des conflits et veulent avant tout se faire aimer, rejouant là une forme de séduction qu'ils ont développée face à leurs mères. Mais soudain, parce qu'ils ont toujours refoulé leur agressivité, ils se retrouvent parfois à faire le pire: après avoir tout donné à sa compagne vénérée, le bon garçon quitte parfois le navire… pour une autre. «Mais attention, prévient le Dr Jean-Paul Mialet, dès que la nouvelle femme a repris la main, le gentil toutou réapparaît.» Autres échappatoires à leur profil si lissé pendant tant d'années: l'infidélité, l'addiction au jeu ou à l'alcool, le harcèlement envers leurs collègues de bureau…

Des hommes «préadultes» 

Aux États-Unis, on les a baptisés les «Mr Nice Guys», suivant la définition qu'en a donnée au début des années 2000 Robert Glover, un psychothérapeute de Seattle, qui a su identifier et théoriser ce syndrome du gentil garçon qui a même inspiré un film avec Jim Carrey (voir son livre Trop gentil pour être heureux. Le syndrome du chic type, traduit de l'anglais par Clémence Ma et publié chez Payot).
Le syndrome du gentil garçon reste d'actualité puisqu'une chercheuse de l'institut Manhattan, Kay Hymowitz, a ouvert une polémique au printemps dernier en publiant Manning up: How the Rise of Women Has Turned Men into Boys («Comment l'élévation des femmes a transformé les hommes en petits garçons»). Pour cette décrypteuse de tendances, le postféminisme a donné naissance à cette nouvelle catégorie d'hommes «préadultes». À force de leur envoyer des messages contradictoires: «le rôle du père est fondamental» et, en même temps, «les pères sont une option»; ou «nous aimons les hommes qui ont confiance en eux» et «nous refusons toute marque d'autoritarisme», les femmes auraient accentué la crise identitaire d'un mâle incertain.
Pour le Dr Jean-Paul Mialet, il est bien question de répartition des pouvoirs entre les deux sexes: «un couple est un équilibre de pouvoirs tempéré par le respect de l'autre et par le besoin de préserver le lien. Mais certains, par défaut de construction, sont incapables de défendre leur territoire. Cela se rencontre aussi bien chez la femme que chez l'homme. La crainte de perdre son conjoint, quand il y a une fragilité abandonnique, place dans un état de dépendance qui justifie toutes les concessions. Trop de concessions rendent la situation irrespirable et dès qu'une ouverture (souvent illusoire) se présente, on lâche!» Autrefois, il n'y avait qu'à suivre le mode d'emploi pour fixer les rôles. Aujourd'hui, chacun doit oser porter haut ses désirs sans agresser l'autre. Les «bons garçons» sauront-ils muer?
Source : www.lefigaro.fr