Contrairement à une idée reçue, pleurer ne soulage que rarement.
Sébastien Bohler
Pour en savoir plus
L. M. Bylsma et al., When and for whom does crying improve mood ? A daily diary study of 1004 crying episodes, Journal of Research in Personality, vol. 45, pp. 385-392, 2011.
On dit souvent que pleurer fait du bien. Que l'on se sent mieux après, que cela permet d'évacuer le stress, voire, comme cela est parfois prétendu, les toxines. En réalité, pleurer est rarement bénéfique. Comme l'ont constaté Lauren Bylsma et ses collègues de l'Université de Floride, seuls 30 pour cent des épisodes de larmes font du bien.
L. Bylsma a collecté les journaux intimes de 97 femmes pendant deux mois environ. Les participantes devaient y consigner leur état d'humeur (plutôt triste, neutre, joyeuse, etc.), ainsi que les éventuels épisodes de larmes. Il s'est avéré que les personnes qui pleurent souvent (plus d'un jour sur trois) ont une humeur globalement négative, qu'il s'agisse de stress diffus ou de tristesse parfois proche d'un état dépressif. Pour ces personnes, les larmes ne sont d'aucun secours : la tristesse revient aussitôt la crise de larmes passée. Faut-il se retenir ? Sûrement pas. Certaines personnes, sans craquer, ressentent un fréquent besoin de pleurer. Elles sont sujettes à des irrégularités d'humeur, une instabilité psychique source de souffrance et de conflits.
Dès lors, y a-t-il une recette du « bien pleurer » ? Elle tient en trois mots : vite, fort et avec un confident. Les résultats de L. Bylsma montrent que les crises intenses et brèves font que l'on se sent mieux après, à condition d'avoir craqué en compagnie d'une personne. Seul, cela ne sert à rien. De même, devant une assemblée, les états sont négatifs, que ce soit à cause de la honte ressentie ou des efforts fournis pour « garder la face ». Le cas de figure idéal est celui d'une personne qui affronte une situation difficile au travail et décide d'aller en parler à l'écart avec un collègue, pour finalement fondre en larmes. Les pleurs sont vite séchés, et tout repart. À condition que la cause du conflit soit traitée, car le stress peut s'installer et alors déboucher sur les pleurs répétitifs, signe d'une dégradation préoccupante de l'humeur.
Source : www.pourlascience.fr